Que signifie la solitude dans le monde professionnel ?
Il semble évident que la solitude est une caractéristique des professionnels indépendants. Souvent, ils sont seuls au moment de vendre, pour produire, pour gérer et même lorsqu’ils innovent. Mais ce ne sont pas les seuls à souffrir de la solitude. Vous avez probablement entendu parler de la solitude du dirigeant. C’est l’état habituel du leader qui doit trouver seul les réponses à ses questions et ses doutes, gérer seul ses sentiments ou prendre des décisions. Il y a aussi la solitude d’un associé dans une entreprise. Souvent, les associés d’une affaire ou d’une entreprise vivent leur responsabilité en solitaire comme un dirigeant. Le fait d’avoir un ou plusieurs associés ne les libère pas toujours de cette solitude.
J’ai observé un point commun aux différentes situations de solitude : la souffrance ressentie de façon plus ou moins prononcée de ne pas savoir avec qui partager des situations, des préoccupations, la prise de décision ou simplement des sentiments et des émotions, toutes ces petites et grandes choses qui créent une relation quand vous faites partie d’une équipe.
La souffrance liée à la solitude peut devenir inconfortable pour la famille ou les amis parce que, la capacité d’échange dans le domaine professionnel étant limitée, ceux qui reçoivent habituellement l’information sont ces derniers. Parfois, ils ne savent pas comment aider ou il leur est difficile de comprendre tout le contexte. Ce n’est pas facile pour eux.
La solitude est une souffrance normale (ou un stress normal).
C’est normal de se sentir seul lorsque vous aviez l’habitude d’être dans une entreprise avec tout ce que cela implique et que vous commencez à travailler à votre compte.
C’est normal quand vous êtes promu à un poste de dirigeant après avoir exercé une responsabilité au sein d’une équipe ou d’un département.
Il est habituel de rechercher des associés ayant des profils complémentaires aux nôtres pour développer une affaire ou un projet. Cependant, la complémentarité peut produire une disparité de points de vue et d’actions menées. Les associés peuvent contribuer différemment au projet en consacrant plus ou moins de temps au projet commun ou en développant des tâches distinctes. Le fait qu’ils contribuent de différentes manières peut transmettre un sentiment de déséquilibre et favoriser les malentendus. La disparité génère généralement de l’incompréhension et favorise l’émergence normale du sentiment de solitude.
Je suis convaincue que la solitude est une bonne chose. Cela vous permet de trouver en vous la force de mener de grandes actions pour votre affaire ou l’entreprise pour laquelle vous travaillez et, même dans certains cas, aussi de grandes actions pour le monde.
Comment ?
Ma recommandation est d’adopter la solitude comme un rituel positif. La solitude est inhérente aux situations que j’ai mentionnées et, par conséquent, il est préférable de l’accepter et identifier ce qu’elle peut permettre. Ma recommandation est triple :
Tout d’abord, veillez à neutraliser la solitude en organisant des conditions matérielles favorables : partager un espace de travail, bâtir un plan pour établir des relations professionnelles de qualité, trouver un mentor ou un coach avec qui partager, trouver des groupes de pairs auxquels contribuer. Tous ces aspects sont à promouvoir. Ils vous permettent de ne pas vous sentir seul, de trouver un soutien régulier, de l’inspiration et des perspectives différentes ponctuellement ou plus fréquemment.
Deuxièmement, acceptez la solitude comme l’occasion d’apprendre sur vous-même : vous pouvez réfléchir et développer l’intuition, prendre conscience de ce qui vous arrête, trouver les raisons de votre résistance aux façons de voir ou de faire distinctes... Les freins et les résistances sont des dimensions réactives qui prennent plus de poids quand vous êtes seul. Le professionnel peut en venir à penser qu’il est obligatoirement seul à pouvoir mener par lui-même toutes les tâches de son entreprise ; le dirigeant peut en venir à penser qu’il est le seul à promouvoir la transformation de son organisation ; l’associé peut en venir à penser qu’il est seul face à la croissance de l’entreprise commune. Ce n’est pas vrai. Si vous saisissez cette occasion de réfléchir sur vous-mêmes, vous pouvez découvrir et vous ouvrir à de nouveaux espaces de connaissance et de savoir, de façons de pratiquer et même de relations avec des personnes différentes. Cela vous oblige à quitter votre zone de confort, à intégrer d’autres perspectives, à apprendre d’elles et, par conséquent, à grandir.
Enfin, enfin, renforcez les avantages de la solitude. Utilisez la tranquillité qui facilite le travail solitaire pour réfléchir à de nouvelles opportunités, pour laisser le cerveau faire des liens systémiques et oser les mettre en pratique. Cela consiste simplement à répliquer ce que beaucoup d’entre nous expérimentent le matin (au réveil ou sous la douche) lorsque surgit « la » bonne idée, la solution recherchée ou des pistes nouvelles. C’est la pensée créative !
La solitude offre l’opportunité et le temps de réfléchir, de faire place à la pensée latérale (également, appelée out of the box), d’être ouvert à des rencontres différentes et de prendre des risques. Ce sont des avantages qui ne sont perçus qu’après avoir dépassé le stress initial de la solitude.